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qui fut deux ou trois ans après mon arrivée au Palais-Royal. On disoit que madame de Barbantane avoit eu une jolie figure, il ne lui en restoit rien à cette époque ; elle avoit le nez d’un rouge éclatant, une tournure commune, et un maintien sec et affecté. On louoit ses mœurs et son esprit, en trouvant généralement qu’elle n’avoit aucun naturel. Elle se déclara mon ennemie dès notre première entrevue, elle l’a toujours été depuis ; ainsi je ne dirai rien de son caractère, je dois à cet égard me récuser[1]. La vieille marquise de Polignac, dont le visage ressembloit

  1. Mes anciens souvenirs ne m’empêchent pas de trouver un grand plaisir à la justifier d’une imputation consignée dans les prétendus Mémoires du baron de Besenval. On lit dans ces Mémoires, que madame de Barbantane avoit, dans sa jeunesse, été maîtresse du vieux duc d’Orléans : c’est une insigne fausseté. M. le duc d’Orléans fut, en effet, long-temps amoureux d’elle ; mais madame de Barbantane ne lui laissa jamais la moindre espérance, et c’est un fait qui étoit universellement connu au Palais-Royal. Madame de Barbantane dut depuis, à sa bonne conduite et à l’estime de M. le duc d’Orléans, la place de gouvernante de madame la duchesse de Bourbon. Je parlerai, par la suite, avec plus de détail, de ces Mémoires, attribués faussement au baron de Besenval.
    (Note de l’auteur.)