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M. des Choisi revint quelques instans après ; l’accueil qu’il reçut dans l’auberge lui causa une surprise inexprimable ; on lui déclara nettement qu’il n’enlèveroit pas la jeune personne, que l’hôtesse et toute sa maison la prenoient sous leur protection, et qu’il pouvoit retourner tout seul en Turquie. M. des Choisi appela ses deux domestiques ; et, comme le tumulte rendoit toute explication impossible, on se disposoit à combattre, lorsque madame des Choisi, qui avoit entendu tout le bruit, parut inopinément, en conjurant l’hôtesse et les domestiques de mettre bas les armes. On obéit d’autant plus promptement, que le couteau de chasse tiré de M. des Choisi, son air intrépide, et celui de ses deux domestiques, avoient déjà fort ébranlé le courage des assaillans.

M. des Choisi questionna sa femme, elle avoua tout en présence de l’hôtesse, qui eut l’air de la croire, mais qui fut toujours persuadée de la véracité du premier récit, fait par une dame si jeune et si naïve cependant on laissa partir, sans résistance, le mari et la femme, mais en déplorant le sort de l’intéressante victime.

La comtesse de Polignac, fille de la com-