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qu’au fond j’aurois mieux aimé rester avec elle. Pour la première fois de ma vie, j’avois mis de l’artifice dans ma conduite ; j’en avois eu beaucoup dans cette affaire, avec elle et avec M. de Genlis ; il falloit le soutenir, en affectant une grande insouciance pour la place, et un chagrin, que je n’éprouvois pas, de quitter madame de Puisieux, et le genre de vie si paisible auquel alloient succéder tant de dépendance, de tumulte et d’agitations. Lorsqu’une faute nous oblige à sortir de notre caractère on en souffre doublement. Le tête-à-tête avec madame de Puisieux, qui m’avoit toujours été si agréable, étoit devenu pour moi un véritable supplice. Ses caresses, sa confiance, ses éloges me perçoient le cœur ; je me trouvois ingrate et perfide ; j’étois triste et abattue bien naturellement ; un malaise insupportable me donnoit toutes les apparences du plus profond chagrin, et plus madame de Puisieux en étoit touchée, plus elle en augmentoit l’amertume.

Enfin, le jour où je devois entrer au Palais-Royal, ce jour fatal arriva !… Au lieu de partir à une heure, comme j’en étois convenue avec madame de Puisieux, je partis avant son réveil, pour éviter un adieu qui,