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hous n’aurions pu nous entendre, et elle se seroit moquée de moi. Comme elle étoit de bonne foi en tout, malgré la peine extrême qu’elle éprouvoit de se séparer de moi, elle engagea M. de Genlis à faire la démarche nécessaire pour cette place, qui étoit de la demander à M. le duc d’Orléans. M. de Genlis ne s’en soucioit pas, et il déclara qu’il ne consentiroit à me laisser entrer au Palais-Royal, que s’il y étoit attaché lui-même. Il demanda, et obtint la place de capitaine des gardes de M. le duc de Chartres ; c’étoit une des premières places de la maison ; elle valoit six mille francs ; j’eus en même temps celle de dame, qui en valoit quatre. Il fut convenu que je resterois encore six semaines avec madame de Puisieux, ce temps s’écoula bien péniblement pour moi. Au fond de l’âme, j’étois charmée d’entrer dans cette cour brillante, dont le bon air et l’élégance m’avoient séduite ; mais je ne pouvois me dissimuler qu’il eût été plus raisonnable de rester avec madame de Puisieux, et qu’en la quittant, je manquois à un devoir, et j’exposois ma tranquillité. Loin de me rien reprocher, elle croyoit m’avoir déterminée, et elle étoit persuadée