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déchira le cœur, et le soir même le malheureux comte de Custines arriva. Son désespoir fut inexprimable ; il accourut aussitôt chez moi, de ce moment nous nous jurâmes une éternelle amitié, et nous fûmes l’un et l’autre également fidèles à cet engagement. Je lui consacrai toutes mes journées pendant trois semaines, je ne m’en réservai que deux ou trois heures de la soirée, que je donnois à madame de Puisieux. Tous les matins il venoit à dix heures déjeuner avec M. de Genlis et moi ; ensuite, si le temps le permettoit, nous allions tous les trois nous promener à cheval ou en voiture ; après la promenade, le comte de Custines nous emmenoit dîner chez lui ; nous y trouvions le vicomte, et nous restions là, renfermés jusqu’à six ou sept heures du soir. M. de Custines me donna le portrait le plus ressemblant de madame de Custines, et celui de ses enfans ; il y joignit un présent qui me toucha beaucoup. Madame de Custines, pour m’épargner la peine de porter ma harpe chez elle, en avoit acheté une très-belle, noire et or, et très-bonne ; le comte de Custines me l’envoya, avec une clef qu’il avoit fait faire pour moi. Cette clef étoit d’or,