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la toux et de vives douleurs furent continuelles, mais la patience et la douceur de la malade furent inébranlables ; elle envoya chercher son confesseur à deux heures, et à trois elle reçut l’extrême-onction. Elle entroit dans son cinquième jour ; M. Tronchin, que nous avions fait réveiller, vint à trois heures et demie. Il lui prescrivit une potion calmante ; lorsqu’il sortit je n’osai l’interroger, je ne voyois que trop qu’il falloit renoncer à toute espérance ! À quatre heures du matin, j’allai un moment dans le salon respirer ; c’est-à-dire, pleurer sans contrainte. J’y trouvai le vicomte de Custines baigné de larmes, je m’assis près de lui, et nous versâmes des torrens de pleurs pendant plus d’une heure, sans nous dire une seule parole ; je l’aimois véritablement dans ces tristes momens. Tout devient sympathique entre deux personnes qui éprouvent une douleur commune pendant toute sa durée, ceux qui pleurent et qui s’affligent profondément ensemble, unissent leurs âmes de la manière la plus touchante et la plus intime. Je rentrai à cinq heures dans la chambre de ma malheureuse amie ; je la trouvai beaucoup plus calme, et à six heures elle me dit qu’elle ne souffroit