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à se mettre au lit. Le vicomte envoya chercher son médecin, qui vint sur-le-champ, et qui lui trouva beaucoup de fièvre ; lorsqu’il sortit de sa chambre nous le suivîmes pour le questionner, et il me perça le cœur en nous déclarant qu’il craignoit une fluxion de poitrine ; je me décidai à rester toute la journée. Le soir le médecin nous annonça qu’elle avoit en effet une fluxion de poitrine. Alors je m’établis chez elle avec une de ses parentes, déterminée comme moi à la veiller et à ne la pas quitter tant qu’elle seroit en danger. Le vicomte resta en tiers avec nous, et sa conduite me toucha sensiblement, elle fut parfaite ; il ne me dit pas un mot qui pût me rappeler les sentimens dont je lui avois défendu de me parler. Il montra le plus grand attachement pour sa belle-sœur, et ne fut occupé que d’elle. Il envoya un courrier à son frère ; mais, comme il étoit à cent lieues, nous savions bien qu’il ne pouvoit arriver que lorsque nous serions sans inquiétudes ou sans espérances !…

Dès le premier jour madame de Custines fut dans le plus grand danger, le troisième M. Tronchin fut appelé et la condamna. Elle ne s’abusa point sur son état, elle demanda et