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mais, comme madame de Custines ne se doutoit pas de sa conduite avec moi, et que je n’ai jamais fait de ces espèces de confidences, je ne témoignois rien de ce que je pensois à cet égard ; madame de Custines croyoit seulement que son beau-frère me déplaisoit ; elle m’en avoit montré plus d’une fois de la surprise, en me faisant l’éloge de son caractère et de ses qualités morales. Elle n’ignoroit pas que l’on disoit dans le monde, qu’il n’avoit été subitement en Corse que pour me plaire ; elle m’assuroit que c’étoit une erreur, que le vicomte n’avoit aucune prétention qui dût me blesser, qu’elle en étoit sure. Je me gardois bien de lui conter la vérité, je répondois seulement, qu’il avoit dans sa personne et dans ses discours, quelque chose d’ironique et de moqueur qui me repoussoit. Elle me répétoit que je le jugeois mal, et que j’étois injuste pour lui. Je lui laissois cette opinion, afin de ne pas altérer son estime et son amitié pour lui, car je voyois clairement que, relativement à moi, il avoit avec elle la plus grande fausseté.

Un matin, en allant comme de coutume à dix heures chez madame de Custines, je la trouvai si changée et si abattue, que je l’engageai