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de semblables événemens ; pendant quatre ou cinq jours, il ne fut question dans tous les entretiens que de cette déplorable histoire, que tout le monde regarda comme le plus sinistre présage. En effet, il est bien frappant, qu’à l’occasion du mariage de l’infortuné Louis XVI, tant de sang ait coulé sur cette même place où ce prince et son épouse devoient être immolés avec tant d’autres innocentes victimes !…

Depuis cette époque, nous passâmes encore huit mois chez madame de Puisieux ; je devois éprouver l’hiver suivant l’une des plus vives douleurs de ma vie ! Madame de Custines, qui étoit en Lorraine, dans une terre de sa belle-mère, revint dans les derniers jours de l’automne, mais sans son mari, que des affaires obligeoient à rester en Lorraine jusqu’au mois de janvier. J’allois tous les jours chez madame de Custines, je la trouvois changée et maigrie ; elle toussoit ; j’étois inquiète de sa santé ; j’allois tous les matins déjeuner avec elle, j’y restois depuis dix jusqu’à deux heures, je ne la quittois que pour aller dîner avec madame de Puisieux. Son beau-frère, le vicomte de Custines, étoit presque toujours en tiers avec nous, ce qui m’embarrassoit beaucoup ;