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patienta tellement, que je dis que mon envie de voir le feu d’artifice étoit passée, et que je ne le regarderois pas. On crut que c’étoit une plaisanterie ; on me défia en badinant, et j’acceptai sérieusement le défi. Dès la première fusée je fermai les yeux, et rien ne put me les faire rouvrir tant que dura le feu. Lorsqu’il fut fini, messieurs de Bouzolle et de Nédonchel nous laissèrent pour aller chercher nos gens et faire avancer notre voiture. Ils ne revinrent qu’à minuit nous étions d’autant plus inquiètes, que nous entendions un vacarme épouvantable sur la place. Enfin ces messieurs revinrent ; ils ne voulurent pas nous dire que l’on se culbutoit, que l’on s’écrasoit sur la place, et que tout y étoit dans une horrible confusion ; mais ils nous déclarèrent qu’il y avoit des embarras affreux, qu’il étoit impossible de trouver nos gens, et qu’il falloit se décider à attendre encore au moins deux heures. Ils nous apportoient une poularde qu’ils avoient prise, avec des gâteaux, chez un traiteur, et comme nous allions souper, nous entendîmes des gémissemens au bas de nos fenêtres : c’étoient deux vieilles dames, madame la marquise