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tude de veuve fut absolue, elle ne vit dans les premiers mois que sa famille, et ne sortit que pour aller à l’église. Au bout de ce temps, elle ne voulut pas aller voir les illuminations, et le feu d’artifice si malheureusement célèbre qui fut tiré sur la place Louis XV, en réjouissance du mariage de monsieur le dauphin ; mais elle m’y envoya. M. de Genlis venoit de partir pour son régiment ; j’allai à ce feu avec madame la marquise de Brugnon, une jeune et jolie femme, dont le mari, qui servoit dans la marine, avoit été envoyé ambassadeur à Maroc, ce qui me donnoit une grande considération pour lui ; car cette ambassade me paroissoit une chose beaucoup plus périlleuse que des campagnes sur mer.

M. de La Reynière faisoit bâtir une belle maison sur la place Louis XV ; il me donna, pour voir le feu, une des pièces du rez-de-chaussée. Comme on nous disoit qu’il y auroit un monde énorme, j’y allai après le dîner, en sortant de table, avec madame de Brugnon, et messieurs de Nédonchel et de Bouzolle. Nous arrivâmes sans obstacles, mais nous attendîmes beaucoup plus long-temps que nous ne l’avions imaginé, ce qui m’im-