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stant, pendant les cinq jours de sa maladie. Lorsqu’elle eut reçu son dernier soupir, elle alla se mettre dans son lit, ne se releva plus, demanda ses sacremens le lendemain, et mourut six jours après[1].

Je restai long-temps enfermée avec madame de Puisieux, uniquement occupée du soin de la consoler, et de soigner sa santé, que ce cruel événement avoit fort dérangée. Sa soli-

  1. M. de Puisieux, au cinquième jour d’une fluxion de poitrine, étoit à l’agonie ; à trois heures du matin il n’avoit plus de connoissance. J’allai rejoindre madame de Puisieux ; en passant dans le salon avec M. de Genlis, je voulus voir quelle heure il étoit ; nous approchâmes d’une superbe pendule dont Louis XV avoit fait présent à M. de Puisieux ; on y voyoit les trois Parques soutenant le cadran, et nous remarquâmes avec saisissement que le fil d’or qui tenoit le fuseau étoit rompu, sans qu’on puisse savoir de quelle manière il s’étoit cassé… M. de Puisieux expiroit dans ce moment… Sa mort fut honorée des regrets de tous les honnêtes gens. Cet homme vertueux, rempli de piété, de droiture et de désintéressement, avoit ainsi au fond de l’âme, la religion, l’état et son souverain : il occupa de grandes places avec une parfaite intégrité ; il s’en démit volontairement et les quitta avec des mains pures et une réputation irréprochable.
    (Note de l’auteur)