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C’étoit dans sa bouche un éloge. Je trouvois un plaisir infini à entendre causer ensemble ces deux respectables personnages ; et, quand le marquis de Canillac, âgé de quatre-vingt-onze ans, se trouvoit avec eux, je me croyois véritablement transportée au siècle de Louis XIV, avec lequel M. le maréchal de Richelieu m’avoit déjà fait faire connoissance à Braisne. Ce fut ainsi que je pris, dès ma jeunesse, ce goût passionné pour la cour de Louis XIV, qui s’est encore accru depuis par mes lectures. Si j’ai su la peindre, cette brillante cour, c’est que je la connoissois parfaitement. J’aimois le maréchal de Biron, non-seulement parce qu’il m’envoyoit sans cesse des figues, des abricots-pêches (les premiers qu’on ait eus à Paris), et des fleurs de son magnifique jardin, mais parce que je m’instruisois en l’écoutant.

Je relus dans ce temps les Lettres de madame de Sévigné, celles de madame de Maintenon, les Souvenirs de madame de Caylus, les Mémoires du cardinal de Retz. C’est une lecture dont on ne se lasse point. Comme on aimoit, comme on pensoit, comme on écrivoit, comme on contoit dans ce temps ! que d’es-