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qui lui avoit fait prendre de la thériaque dans du vin. Comme j’avois tant exercé la médecine à Genlis, et même à Sillery, je savois alors par cœur M. Tissot, et je dis tout de suite que j’étois sûre que M. Tissot condamnoit ce remède. Nous prîmes le livre et nous vîmes, avec horreur, que M. Tissot dit que quelques médecins ignorans donnent ce remède, et que c’est comme si l’on tiroit un coup de pistolet dans la tête du malade. Il est bien inconcevable qu’un médecin soit d’une telle ignorance, et qu’il n’ait jamais lu M. Tissot. Mais, c’est un fait le pauvre abbé demanda tous les sacremens et reçut l’extrême-onction à dix heures du soir. J’y assistai avec M. de Genlis. Il mourut une demi-heure après. Sa figure m’avoit tellement frappée, que je déclarai à M. de Genlis que je ne pouvois me résoudre à passer la nuit dans la maison, et il consentit à me laisser aller coucher chez madame de Balincour. Je fis mettre des chevaux à la voiture, et je partis sur-le-champ. On fut bien surpris et charmé de me voir. M. de Balincour me donna sa chambre, et je me couchai à minuit et demi. Au bout d’un demi-quart d’heure j’étois endormie, mais je fus réveillée par la voix