la véhémence qu’en amour-propre. M. le duc de Chartres n’opposa jamais à sa haine que le calme, la patience et l’indifférence. Voici deux faits dont j’ai été témoin, ainsi que tout le Palais-Royal : Un jour, à dîner au Palais-Royal, nous nous aperçûmes que tous les couverts d’argent étoient différens, et chacun de nous reconnut sur ces couverts ses propres armes. M. le duc de Chartres demanda à Joli[1], le contrôleur, ce que cela signifioit. Joli alla lui répondre, mais tous bas à l’oreille. Après le dîner, M. le duc de Chartres nous dit qu’on étoit venu subitement, avec un ordre de M. le duc d’Orléans, enlever toute l’argenterie pour la porter à Sainte-Assise, parce qu’on refondoit celle de madame de Montesson, dont les formes n’étoient plus à la mode. Il est vrai que l’argenterie du Palais-Royal appartenoit à M. le duc d’Orléans ; mais cette manière d’en disposer sans en prévenir étoit bizarre. L’hiver d’ensuite, on vint, un beau matin, reprendre aussi, à M. le duc et à madame la duchesse de Chartres, tous les diamans qu’on
- ↑ Ce Joli, honnête et excellent homme, étoit père de l’acteur si naturel et si agréable, qui aujourd’hui est si aimé du public.
(Note de l’auteur.)