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jours sans se voir. Madame de Montesson, croyant toujours que rien ne pouvoit résister à ses séductions, obtint une entrevue tête à tête de M. le duc de Chartres. Elle lui fit d’abondance une scène de sensibilité qui n’eut aucun succès ; ensuite elle essaya de lui prouver que leur intérêt commun étoit d’être unis ensemble ; M. le duc de Chartres répondit constamment avec une froideur glaciale, qu’il lui paroitroit toujours inexcusable d’avoir donné volontairement une parole d’honneur qui n’étoit pas demandée, et d’y avoir manqué si complétement ; il ajouta qu’un tel procédé détruisoit sans retour toute espèce de confiance, et il la quitta en lui disant qu’il conserveroit toujours le billet d’engagement qu’elle lui avoit écrit, que seulement il alloit y ajouter une note historique, ce qu’il fit en effet ; quoique cette note ne contint pas, comme on l’a dit, des injures et une réflexion outrageante, elle étoit très-piquante par le fait. De ce moment madame de Montesson prit contre M. le duc de Chartres un ressentiment qu’elle a toujours conservé, et qui a eu sur la destinée de ce malheureux prince une bien funeste influence.

J’anticipe ici sur les époques, car M. le duc