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tement du roi, et ce fut lui, qui, à minuit, leur donna secrètement, dans sa chapelle, la bénédiction nuptiale. Les témoins furent le vicomte de La Tour du Pin et M. de Damas, chambellans de M. le duc d’Orléans. Le secret leur fut demandé, ils le gardèrent trois semaines, et n’en convinrent ensuite que parce que la vanité de madame de Montesson le confia à plusieurs personnes, et en outre le trahit de mille manières.

À l’imitation de madame de Maintenon qui, regardant avec raison toute espèce de titre au-dessous d’elle, n’en voulut plus après avoir épousé Louis XIV, ma tante rejeta le titre de marquise qu’elle avoit toujours porté ; elle ordonna dans sa maison, et elle pria ses amis de ne plus l’appeler que madame de Montesson tout court. M. le duc d’Orléans, persuadé par elle qu’il y avoit de la dignité à ne point cacher ce qui étoit, la fit traiter en princesse par tous ses chambellans. M. le duc de Chartres apprit bientôt la vérité ; il étoit incapable de manquer à sa parole, et sa colère fut extrême ; il eut une explication avec M. le duc d’Orléans, il montra beaucoup d’indignation et de ressentiment, M. le duc d’Orléans se fâcha : ils furent quinze