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elle dit qu’en apprenant au roi que M. le duc de Chartres approuvoit, de la meilleure grâce, le mariage secret, si M. le duc d’Orléans sollicitoit avec l’énergie nécessaire, il étoit impossible que le roi refusât. Ainsi, elle rendit M. le duc d’Orléans responsable de l’événement, et c’est ce qu’on doit faire quand on charge d’une commission importante les gens foibles, d’un caractère paresseux et froid. M. le duc d’Orléans, craignant mortellement l’humeur et les reproches de ma tante, devint véhément par foiblesse. Le roi, en effet, refusa d’abord et fort sèchement ; M. le duc d’Orléans insista avec tant de chaleur, qu’enfin, après un long tête-à-tête, il obtint le consentement par écrit, sous la condition que ma tante ne changeroit point de nom, ne s’attribueroit aucune espèce de prérogative de princesse du sang, ne déclareroit point son mariage, et ne paroîtroit jamais à la cour.

M. le duc d’Orléans revint triomphant à Paris ; nous l’attendions avec une extrême impatience. Enfin, il arriva ; sa physionomie annonçoit un si éclatant succès, que ma tante s’attendit, je crois, à mieux encore. Elle avoit elle-même proposé les conditions ; cependant,