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Mais revenons à ma tante et à M. le duc d’Orléans ; ce dernier, croyant bonnement au délai de deux ans, ne voyoit rien de pressé dans la démarche qu’il devoit faire auprès du roi ; il ne comptoit pas agir de sitôt, mais ma tante lui dit qu’il falloit toujours avoir ce consentement dans son portefeuille. Au moment de faire la démarche, M. le duc d’Orléans avoua des craintes qu’il n’avoit point encore montrées, il assura que le roi recevroit mal cette demande, et qu’il feroit un refus positif. Madame de Montesson soutint le contraire,

    empêcha sa femme de céder aux séductions de Louis XV, et néanmoins M. de Flavacour avoit toujours paru le plus complaisant de tous les maris, et il avoit toujours eu des mœurs fort licencieuses. De tout temps, les écrivains qui n’ont jamais été à la cour ont calomnié les courtisans ; mais, depuis la révolution, ce genre d’injustice a été poussé jusqu’au dernier degré d’invraisemblance. M. Auger, dans ce même extrait, dit que les dames de la cour se déchaînèrent contre madame du Barri, parce que c’étoit un affront fait à la qualité. Elles ne se déchaînèrent point contre madame de Pompadour, qui, par elle et par son mari, étoit une roturière ; elles se révoltèrent contre madame du Barri, quoiqu’elle eût épousé un gentilhomme, parce qu’elle avoit été une courtisane.

    (Note de l’auteur)