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dans cette lettre que j’ai lue, elle donnoit sa parole de la manière la plus formelle de n’épouser qu’au bout de deux ans M. le duc d’Orléans. Cette lettre a toujours été conservée par M. le duc de Chartres, qui, huit mois après, écrivit une note de sa main (très-fâcheuse pour ma tante) sur la marge de la première page de cette lettre.

Madame de Montesson affecta d’être parfaitement contente de M. le duc de Chartres ; elle confia à plusieurs personnes qu’il consentoit à son mariage avec M. le duc d’Orléans, mais elle ne parla point de la condition imposée. Quand tout ceci fut bien arrangé, elle ne perdit pas de temps pour faire une nouvelle déclaration à M. le duc d’Orléans ; elle lui annonça qu’elle ne l’épouseroit qu’avec le consentement par écrit du roi ; avec la promesse que le mariage ne seroit point déclaré, et qu’elle n’iroit point à la cour, promesse illusoire si elle avoit eu des enfans. M. le duc d’Orléans fut non-seulement surpris ; mais épouvanté de cette prétention ; il la combattit vainement, il fallut céder. En ceci ma tante eut raison, un mariage clandestin est véritablement honteux quand ce n’est pas l’amour