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possédoit à cet égard un tact très-fin et très-sûr. Il répondit avec respect, mais froidement, à M. le duc d’Orléans, qu’un fils n’avoit point de consentement à donner à un père : il ne sortit pas de là. Ma tante se décida à lui parler ; elle lui fit une scène de tendresse qui embarrassa beaucoup M. le duc de Chartres ; et comme elle persistoit toujours à lui demander son consentement, M. le duc de Chartres lui répondit qu’il le donneroit de bon cœur, s’il étoit sûr que la résolution de son père fût véritablement inébranlable, ce que le temps seul pouvoit lui prouver. Sur-le-champ ma tante s’écria qu’elle désiroit elle-même et cette certitude, et une longue épreuve ; elle proposa deux ans. M. le duc de Chartres ne s’attendoit pas que l’on consentit à accorder un si long délai ; il accepta de très-bonne grâce, en ajoutant qu’il falloit avant tout que cela fût approuvé par son père. Il quitta madame de Montesson en lui disant qu’il alloit passer quelques jours à la campagne, qu’il la prioit de lui écrire la décision de M. le duc d’Orléans. Ma tante sentit bien qu’il vouloit avoir un engagement par écrit. Elle lui écrivit, de l’aveu de M. le duc d’Orléans, et,