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et de là il vint à Saint-Aubin. C’étoit le chevalier de La Morlière[1], auteur dès lors de quelques mauvais romans très-licencieux. On nous dit seulement qu’il avoit fait plusieurs ouvrages imprimés, ce qui me donna une grande considération pour lui ; mais je ne la gardai pas long-temps. M. de La Morlière, qui déclamoit fort bien, me fit répéter les rôles de Zaïre et d’Iphigénie, et à mademoiselle de Mars celui de Fatime dans Zaïre ; mais tout d’un coup il s’avisa de devenir amoureux de mademoiselle de Mars, qui trouva son amour ridicule, et sa déclaration impertinente ; elle lui montra beaucoup de dédain, et il la prit dans une aversion qui me le rendit odieux. Nous en fûmes heureusement débarrassées au bout d’un mois, il partit pour Paris. Peu de jours après,

  1. Jacques-Louis-Auguste de La Morlière, sieur de la Rochette, chevalier du Christ, est mort à Paris en 1785. Il a fait des comédies détestables et de mauvais romans licencieux ; le seul qui eut, dans sa nouveauté, quelque succès, fut celui qu’il intitula, Angola ; mais on prétendit que ce petit conte n’étoit pas de lui et qu’il l’avoit volé ; aussi, dans le temps, une feuille périodique parlant de M. de La Morlière le désigna ainsi : l’Usurpateur du petit royaume d’Angola.
    (Note de l’éditeur.)