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dans mon enfance, y contribue peut-être. En sortant de table, nous allions faire une lecture de piété, dirigée par le père Antoine ; c’étoit l’Évangile, l’Imitation de Jésus-Christ et des Pensées de la Journée chrétienne. Ensuite nous allions dans le salon, quand il n’y avoit pas de monde (ma mère alors étoit enfermée dans sa chambre), et nous nous amusions à faire des guirlandes de fleurs artificielles pour nos fêtes. C’étoit une femme de Bourbon qui nous les faisoit faire, mais des fleurs très-grossières faites avec du papier. Les femmes de chambre travailloient avec nous ; et souvent le bon père Antoine nous aidoit à les peindre. Après cela nous allions nous promener, mademoiselle de Mars et moi. Depuis nos fêtes, c’est-à-dire depuis que j’avois quitté les habits de femme, j’étois beaucoup moins raisonnable à la promenade : je ne causois plus, je ne me plaisois qu’à courir en avant, à sauter des petits fossés, et à faire mille folies, ce qui dura jusqu’à mon départ de la Bourgogne.

Voici la première origine de mon aversion pour Voltaire. La voisine qui prêtoit des livres à mademoiselle de Mars, lui préta une bro-