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dans quelque asile obscur. On fit en effet une descente dans son château ; on trouva des traces de sang mal lavées dans un de ses cabinets, des poisons affreux dans une armoire, et dans son jardin plusieurs cadavres de femmes enterrées, et ceux de ses dernières victimes ! La première des jeunes filles fut reconnue par une bague de crin avec une devise, qu’il lui avoit laissée[1] !… Ainsi mon antipathie pour ce monstre ne fut que trop justifiée par la suite.

Au milieu de nos répétitions et de nos fêtes, un incident assez singulier vint répandre pendant une soirée la terreur dans le château. C’étoit dans ce temps que le fameux Mandrin, à la tête de sa troupe, exerçoit en Bourgogne ses brigandages : il n’en vouloit, disoit-il, qu’aux fermiers généraux et à leurs employés ; cependant de temps en temps il mettoit à contribution des personnes qui n’avoient rien de commun avec ses ennemis déclarés. Un soir on vint nous dire, qu’une troupe assez considérable, avec des uniformes pareils à ceux des gens de Mandrin, arrivoit dans le village ; que

  1. Toutes les époques ont eu leurs monstres, des Léger et des Maingrat.
    (Note de l’éditeur.)