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lui avoit donné ce tableau. Je pensai en moi-même que si M. de La Haie n’avoit eu pour maîtresse qu’une simple particulière, mon austère grand’mère auroit trouvé ce tableau très-scandaleux, et qu’elle ne l’auroit certainement pas gardé précieusement dans son cabinet ; quelle fausse couleur la vanité sait donner aux choses !… Madame de Montesson, après la mort de ma grand’mère, hérita de ce tableau et le donna à M. le duc d’Orléans, qui le mit dans ses petits appartemens, où on l’a vu jusqu’à la révolution ; j’ignore ce qu’il est devenu depuis.

Je n’allai point cette année[1] à Sillery, parce que j’étois grosse ; mais j’allai avec ma tante à l’Île-Adam, où je jouai encore la comédie malgré ma grossesse. Ma tante joua dans un opéra, dont la musique étoit de Monsigny, cet opéra n’a été ni joué ni gravé ; dans la suite Monsigny par dévotion le brûla. Il avoit pour titre Baucis et Philémon, la musique en étoit charmante. Ma tante jouoit Baucis, elle étoit en vieille pendant les deux premiers actes ; le rôle étoit fait pour sa voix, elle l’avoit fort étudié ; le costume de vieille la

  1. 1767.