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core de sa conduite ; la gravité de son mari conservoit encore sa réputation ; mais, l’année d’ensuite, une aventure d’éclat obligea M. de Vaubecourt à demander une lettre de cachet, qu’il obtint, et il la mena dans un couvent, où elle passa le reste de ses jours[1]. Notre cinquième femme étoit madame la comtesse de Crénay, la seule de ces soupers qui ne fût pas jolie. Elle avoit vingt ans, avec l’air d’en avoir quarante, elle a toujours eu la meilleure con-

  1. Lorsque M. de Vaubecourt alla chez le ministre pour solliciter cette lettre de cachet, tout le monde savoit qu’il devoit la demander, excepté M. d’Auteroche, qui ne savoit que le dernier la nouvelle du jour ; il alla chez le ministre un jour de grandes promotions : il arriva dans le salon, où il trouva beaucoup de monde rassemblé. M. de Vaubecourt étoit renfermé dans le cabinet du ministre dont il avoit obtenu la lettre de cachet, M. d’Auteroche le vit sortir s’inclinant et remerciant le ministre qui le reconduisoit M. d’Auteroche, imaginant qu’on venoit de lui donner un grade, s’avança vers lui en lui disant à haute voix : « Qu’il lui faisoit son compliment, qu’il le méritoit bien, que la chose ne pouvoit manquer de lui arriver, qu’il l’avoit prédit, etc. » La confusion du pauvre M. de Vaubecourt et les rires étouffés des spectateurs ne lui firent connoître sa bévue qu’après qu’il eut épuisé tous les lieux communs de félicitations.
    (Note de l’éditeur.)