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chacun de ces morceaux de musique : ma sonate favorite étoit d’Alberti, je la nommai la Puisieux ; je donnai à celle que préféroit M. de Puisieux, et qu’il me demandoit toujours, le nom du cheval de selle qu’il aimoit le mieux ; et je joignis à tout cela une épître dédicatoire de ce petit livre, adressée à madame de Puisieux ; la voici :


Quand on veut réussir et plaire,
Qu’on n’est sophiste ni méchant,
Qu’on veut instruire en amusant,
Qu’un livre est difficile à faire !
Vous, en qui l’on voit tant d’esprit,
Du mien daignez être l’arbitre,
Vous le trouverez bien écrit
Si vous en exceptez l’épître ;
Qu’il ne soit connu que de vous,
À vous seule j’en fais hommage ;
S’il mérite votre suffrage
Combien il fera de jaloux !
L’auteur saura braver les coups
De l’envie et de la satire,
Si, malgré tout leur vain courroux,
À son livre il vous voit sourire !


Je présentai ce petit ouvrage à madame de Puisieux, la veille de notre départ de Sillery ; elle reçut cette attention avec sa grâce accoutumée, c’est-à-dire avec de véritables transports de joie.