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Le marquis et la marquise de Genlis arrivérent dix jours avant la fête, et j’ajoutai un petit rôle pour ma belle-sœur. Afin de faire briller sa belle figure, je la fis paroître d’abord en amazone, ensuite en bergère, et enfin en dame excessivement parée, avec tous ses diamans et ceux de madame de Puisieux. Cette dernière avoit toujours un sac à ouvrage brodé à Besançon, en crins peints de toutes couleurs, et brodé en relief ; cela étoit fort joli ; madame de Puisieux n’en avoit qu’un qui n’étoit plus frais, et elle vouloit en faire venir un autre. Je conseillai à ma belle-sœur d’imiter le vieux sac. On teignoit fort bien du crin à Reims ; et elle fit cet ouvrage tout nouveau pour elle, et très-difficile, avec une perfection étonnante. Elle y travailla avec ardeur pendant huit jours ; et, pour y parvenir, après plusieurs essais, elle passa deux ou trois nuits. Nous fîmes faire un joli petit théâtre dans le grand logement qu’on appeloit l’appartement du roi, et dans lequel, en effet, du temps du chancelier de Sillery, Henri IV avoit couché. La veille de la fête, il m’arriva une bonne fortune, dont je tirai un grand parti pour ma pièce. M. de Puisieux avoit pour