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enfance. Une heure après, M. de Puisieux rentra de la promenade avec M. de Genlis et six ou sept personnes. Je priai madame de Puisieux de ne rien dire de ce qui venoit de se passer entre nous, parce que je méditois une jolie manière de l’annoncer. On s’assit, et au bout de quelques minutes je dis, d’un ton dégagé, que, n’ayant point été à la promenade, je voulois me dégourdir les jambes, et je fis deux ou trois sauts dans la chambre, ensuite j’allai me jeter sur la chaise longue de madame de Puisieux, en disant mille folies ; elle rioit aux éclats, et tout le monde étoit pétrifié d’étonnement. M. de Puisieux fut enchanté ; il dit à madame de Puisieux qu’il lui avoit prédit qu’elle m’aimeroit à la folie. Toute cette soirée fut charmante pour moi. Les jours qui lui succédèrent furent les plus heureux de ma vie. Madame de Puisieux prit pour moi une véritable passion. Elle me fit changer d’appartement afin de me loger à côté d’elle. Je me promenois le matin à cheval avec M. de Puisieux, je montois tous ses beaux chevaux anglois. Le soir je n’allois point à la promenade, je restois tête à tête avec madame de Puisieux, qui se promenoit avec moi une petite demi-heure dans la cour ou dans le