Page:Genlis — Mémoires inédits, (ed. Ladvocat), T1.djvu/317

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conditions du mariage, madame de Lôgny n’ayant pas voulu se séparer de cette fille chérie, qu’elle aimoit beaucoup plus que celle qui par la suite épousa M. de Custine. M. de Louvois eut avec sa belle-mère des manières légères et des procédés ridicules ; madame de Lôgny prit de l’humeur, et sut mauvais gré à

    tête de Renaud ornée d’un beau casque ; deux petits visages d’Amours et des fragmens de boucliers formoient le reste de l’habillement doat M. de Louvois se revêtit avec une joie parfaite. Équipé de la sorte, au mois de juillet, il attendit dans sa chambre (et non sans impatience), l’arrivée de la compagnie aussitôt qu’il entendit les voitures entrer dans la cour, il descendit lestement, malgré l’étonnante lourdeur de la parure, et il s’élança sur le perron, afin de donner la main aux dames, ce qu’il fit sérieusement et de l’air du monde le plus simple et le plus naturel. Comme on s’émerveilloit et que l’on questionnoit en vain M. de Louvois, qui avec un maintien triomphal, conduisoit les dames dans le salon, M. de Souvré survint  : à l’aspect de son fils paré des dépouilles de sa chambre, il recula deux pas en arrière, en demandant d’un ton foudroyant, raison de cette extravagance : « Mon père, répondit M. de Louvois, vous m’aviez ordonné de mettre un autre habit, et, comme je n’avois à ma disposition que cette étoffe, j’ai été forcé de l’employer pour vous obéir. »

    (Souvenirs de Félicie.)