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le pas de sa porte, menacer de coups de gourdin les polissons qui avoient frappé aux vitres. Mon frère m’expliqua que sacré chien vouloit dire de l’eau-de-vie. Je trouvai cela si charmant, que je voulus aller à un autre cabaret voisin, faire cette jolie demande, qui eut le même succès ; nous répétâmes plusieurs fois cette agréable plaisanterie, nous disputant à qui diroit sacré chien, et finissant par le dire en duo, et toujours à chaque fois nous sauvant à toutes jambes dans la petite ruelle, où nous faisions des rires à tomber par terre. Heureux âge où l’on est transporté d’aise à si bon marché, quand rien encore n’a exalté l’imagination et troublé le cœur !

Mon frère resta six semaines avec nous. M. de Genlis, avec beaucoup de grâce, lui donna tout ce qui pouvoit lui être utile ou agréable dans une garnison où il devoit rester long-temps. Il alloit à Mézières ; nous nous promîmes de nous écrire régulièrement, et nous tînmes parole.

Nous retournâmes à Paris M. de Genlis et moi au mois d’août, dans une jolie maison avec un jardin dans le cul-de-sac Saint-Dominique, dont mon beau-frère avoit loué le rez-de-chaus-