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plus affreux embarras. Il prit son parti sans balancer ; mon beau-frère n’avoit confiance qu’en son médecin, un Allemand nommé Weiss[1] ; il étoit à Paris ; mais nous calculâmes que l’on pouvoit avoir sa réponse sous vingt-quatre heures. M. de Genlis, sous la dictée des médecins, écrivit l’état du malade et la consultation ; il conjuroit Weiss de venir à Péronne, ou du moins d’envoyer son avis. Ensuite il fit partir à franc-étrier celui de nos gens qui couroit le mieux la poste, en lui ordonnant d’aller ventre à terre et de revenir de même. M. Weiss ne voulut pas faire le voyage, mais il envoya une excellente consultation qui défendoit expressément la saignée. Le courrier revint en dix-neuf heures ; le marquis de Genlis fut sauvé, et dut la vie à son frère. Nous restâmes vingt-deux jours à Péronne, à l’auberge de la poste. J’y montois à cheval tous les jours ; les dames des châteaux d’alentour m’envoyoient des fruits, du poisson, des légumes et des fleurs ; avant de partir j’allai

  1. C’est ce même médecin qui a trouvé la composition d’un spécifique certain pour les laits répandus des femmes en couches.
    (Note de l’auteur.)