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penser que l’on étoit au château de Genlis dans de vives alarmes ; enfin, après avoir erré encore long-temps, je rencontrai un bucheron qui m’apprit, à mon grand étonnement, que je n’étois qu’à trois lieues de Genlis. Je lui demandai de m’y conduire il fallut aller au pas, et je n’y arrivai qu’à la nuit fermée. On avoit envoyé de tous les côtés, dans les bois immenses de Genlis, des hommes à cheval sonnant du cor ; M. de Genlis étoit aussi à ma poursuite et ne revint qu’une heure après moi. Je fus horriblement grondée, et je le méritois ; j’eus la bonne foi d’avouer que je m’étois perdue à dessein, et je donnai ma parole qu’à l’avenir je ne chercherois plus des terres inconnues. Ma témérité à cheval pensa plus d’une fois m’être funeste ; il est certain qu’il n’y a jamais eu de jeune homme étourdi plus hasardeux que moi dans ce genre ; mais le courage et la présence d’esprit tirent de tout. Cette nouvelle passion ne me fit négliger ni la musique, ni l’étude ; M. de Sauvigny me guidoit dans mes lectures ; je faisois des extraits ; j’avois trouvé, dans les offices, un grand livre in-folio destiné à écrire les comptes de la cuisine ; je m’en étois emparée, et j’é-