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charmant de monter sur ce gros cheval, et d’aller ainsi chercher mon eau moi-même. Je descendis précipitamment dans la cour, et je fis cette proposition à Jean, qui la trouva apparemment assez simple, car, sans aucune représentation, il m’établit jambe de ci, jambe de là, sur le cou de son cheval, et nous partîmes. Je trouvai cette promenade si agréable, que pendant dix ou douze jours je n’en fis pas d’autres. Je pris ainsi un grand goût d’équitation, et l’on me permit de monter un vieux petit cheval gris qui avoit encore de bonnes jambes ; on me fit faire un habit d’amazone, et l’on me trouva si bien à cheval, qu’on me donna un grand beau cheval navarrin, qui, quoique plus vieux que moi, avoit une grande vitesse et des jambes très-sûres. Bientôt on me reprocha d’aller beaucoup trop vite, et on eut beau me le défendre, je ne pouvois obéir, parce que régulièrement dans mes courses mon cheval m’emportoit malgré moi, et mon ignorance me donna la réputation d’une inconcevable hardiesse, et d’une mauvaise tête. Quelques mois après, M. Bourgeois, officier de fortune en garnison à Chauny, et un très-grand homme de cheval, me trouvant