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critiqué et qui n’a jamais été universellement suivi. Je pleurai beaucoup en me séparant de M. de Genlis, et ensuite je m’amusai infiniment à Origny. Cette abbaye étoit fort riche[1], elle avoit toujours eu pour abbesse une personne d’une grande naissance ; l’abbesse actuelle s’appeloit madame de Sabran ; avant elle, c’étoit madame de Soubise. Quoique les religieuses ne fissent point de preuves de noblesse, elles étoient presque toutes des filles de condition et portoient leurs noms de famille. Les bâtimens de l’abbaye étoient fort beaux et immenses. Il y avoit plus de cent religieuses, sans compter les sœurs converses et deux classes de pensionnaires, l’une d’enfans, l’autre pour les jeunes personnes de douze à dix-huit ans. L’éducation y étoit fort bonne pour former des femmes vertueuses, sédentaires et raisonnables, destinées à vivre en province.

J’avais un joli appartement dans l’intérieur du couvent, j’y étois avec une femme de

  1. Les revenus de cette abbaye, comprise dans le diocèse de Laon, n’étoient cependant que de douze mille livres, d’après le tarif des annates ; mais elle en rapportoit trente mille à l’abbesse seulement.
    (Note de l’éditeur.)