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présence, que l’éclatante blancheur des mains de madame d’Esparbès lui coûtoit cher, parce que, sans en avoir le moindre besoin, elle se faisoit saigner souvent pour l’entretenir ; cependant sa blancheur n’étoit nullement blafarde. Elle venoit de temps en temps passer deux ou trois jours à Chevilly ; elle avoit de la gaieté, de la grâce, elle étoit aimable. Madame d’Amblimont et madame d’Esparbès étoient alors, à la cour, les favorites de madame de Pompadour[1], qui leur donnoit dans son intérieur intime d’étranges petits noms d’amitié ; elle les appeloit mon torchon, et ma salope. Ce n’étoit pas là le ton des maîtresses de Louis XIV.

Notre séjour à Chevilly se termina par une scène bien douloureuse. Les créanciers de M. de Joui, d’accord avec sa famille qui vouloit sauver ce qui restoit de sa fortune, obtinrent

  1. La dépravation des mœurs corrompt le goût et introduit, dans le langage le plus poli, les expressions les plus grossières. Au temps où madame de Pompadour donnoit à ses favorites les noms de Torchon et de Salope, son royal amant appeloit Chiffe, Loque, Graille et Coche ses propres filles, mesdames Adélaïde, Sophie et Victoire.
    (Note de l’éditeur.)