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pénible pour Nonna et Anne. Elles auraient perdu tout espoir si, de temps à autre, Job et Maharit, rencontrés sur le palus, ne leur avaient pas assuré qu’ils restaient en relations avec leurs fils et que le jour approchait où ils pourraient se réunir définitivement si, cette fois, les jeunes filles étaient bien décidées à fuir Ploudaniou.

— Mais l’on sait que le facteur ne vous remet jamais de lettres, avait répliqué Nonna soucieuse. Est-il bien certain que Jean corresponde avec vous comme vous l’affirmez ?

— Hé, ma mouette, avait répondu Maharit, si mes garçons mêlaient la poste à leurs affaires, on ne serait pas longtemps à savoir leur port d’attache et ils seraient menacés, jusque là-bas, par ceux de Ploudaniou.

Prenant à son tour la parole, Job ajouta :

— Confiance ! mes belles. Aussitôt leur position assurée, nous irons vivre tous quatre, bien heureux, près d’eux, dans une gentille maison fleurie.

— Le Seigneur de miséricorde vous entende ! s’exclamèrent les sœurs ravies de ces bonnes nouvelles. Nous apprendrez-vous par quels moyens Jean et Julien vous envoient de leurs nouvelles ? Nous voudrions leur faire savoir nous-mêmes que, malgré toutes les persécutions que nous endurons, nous croyons toujours en eux.

— Oh ! mes chers petits pigeons, dit Maharit en les embrassant, demain soir, samedi, en revenant de Pont-l’Abbé, prétextez une veillée chez M. Gourhan et vous saurez comment nous nous expliquons avec nos officiers.

En arrivant à la maison de granit de leurs parents, assez émues à la pensée du secret qu’elles connaîtraient bientôt, Nonna et Anne trouvèrent Gurval qui, les bras passés autour des cous de Gourlaouen et de Nédélec, plus petits que lui, les entretenait avec une cordialité qui n’était pas dans ses habitudes.

— Ohé ! les filles ! voici des garçons qui veulent quitter « l’Autarchiste ». Vous allez m’aider à les retenir parmi mes matelots. Demandez-leur la raison de leur abandon ?

Et comme les brodeuses ne savaient que penser de cette scène, le grand Lanvern reprit :

— Le parrain de ce cousin-là, le bonhomme Comanach, vient de leur laisser de quoi s’établir. Ils posséderont bientôt chacun leur barque neuve et un gréement de première classe.