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maritime d’Armor » à une douzaine de patrons réunis dans son bureau :

« On annonce de Marseille que la Compagnie franco-africaine vient de donner le commandement du cargo-boat « Turban » au capitaine Jean Buanic, de Ploudaniou. Nous félicitons notre compatriote de ce brillant avancement, dû à ses qualités de navigateur instruit. Le « Turban » est un navire anglais de Southampton, récemment acheté par la Compagnie africaine, et du port de sept cents tonnes. Le second de ce vapeur, Julien Buanic, frère du capitaine, mérite la même confiance pour ses…

— On est toujours récompensé de sa belle conduite ! fit aigrement le père Gourlaouen.

— Heu ! n’exagérons pas. À quel long-courrier n’est-il pas arrivé de naufrager ? fit le syndic conciliant.

En repliant son journal, il ajouta :

— Il faut tout de même que ces Buanic aient du mérite pour qu’à leur âge on leur confie des commandements pareils. Vous les verrez plus tard conduire les grands Transatlantiques. Nous avons peut-être été trop sévères pour eux ?

Cette opinion de M. Béven frappa tellement Gurval Lanvern qu’aussitôt rentré à la maison, il déclara qu’il faudrait tout de même faire savoir à Jean et Julien qu’il les reverrait avec plaisir. Des garçons, bientôt chefs de vapeurs de quatre cents pieds de long à soixante hommes d’équipage, méritaient tout de même quelque considération. Et ils toucheraient des appointements d’amiraux, la marine de commerce récompensant bien son personnel.

« Oui, je me moque des jaloux, conclut le patron Lanvern. Au fond, nous ne sommes pas sincères à Ploudaniou. Chez nos pêcheurs il y a surtout de la jalousie contre le rang atteint par ces fils de sabotiers. »


VI

LE RETOUR DES CAPITAINES


Trois mois s’étaient écoulés. Le dernier jour de mai, vers la tombée du jour, Job, Maharit, Nonna et Anne se pro-