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Il quitta parfois sa retraite de Seine-et-Marne pour des excursions d’été, entraînant notre pensée vers la côte anglaise, à Cardiff, au pied de la falaise de Penarth, et il nous donne alors à contempler les aspects de Lady’s-Cove, Storr-Rock, Langland Bay, des grèves où bouillonne la mousseline des vagues, des avancées rythmiques de marées, des roches parées de la richesse des végétations, des ombres transparentes projetées par la terre sur l’eau, des navires qui passent, perdus dans l’immensité. Un don de logique s’affirme toujours en lui avec l’amour de la clarté. Ces pages ne sont pas des esquisses inconscientes, fabriquées à la minute, comme le disent les simples ou les malins, qui croient ou affectent de croire que le terme d’impressionnisme ne sert à désigner que des pochades. Ce sont au contraire des pages lentes et méditées où Sisley, comme ses amis, apporta toute sa conscience et tout son savoir à conserver l’aspect frais et charmant de la première apparition où la vie universelle se résume, en chaque instant et partout à la fois.

Des années de volonté en travail, de réflexion solitaire, de création enivrante, nous sont racontées et certifiées par un tel art. Sisley a vécu de la vie désintéressée et profonde du paysagiste amoureux de nature, éloigné de la vie

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