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froid, la pâle lumière de la toile d’un débutant. Une chaleur de vie généreuse a maintenant envahi l’espace, toutes choses respirent et s’épanouissent dans une riche et féconde atmosphère qui distribue et équilibre la lumière, établit l’harmonie. Le tournant d’eau, la forme des arbres, le tapis de gazon, les silhouettes des personnages, participent à la chaude splendeur de la fin d’un beau jour. Il apparaît avec évidence que l’artiste de 1868 s’est développé, s’est épanoui, que son esprit de plus en plus méditant et ouvert s’est emparé de régions et de beautés nouvelles.

Après cette première comparaison entre le point de départ et le point d’arrivée, si l’on parcourt les étapes accomplies, on assiste au plus intéressant développement d’un talent, on sait tout ce qui compose la joie, la tristesse, la passion, d’une vie d’artiste. On connaît les recherches, les trouvailles, les avancées, les reculs et les nouveaux départs pour de sûres conquêtes.

Tout de suite après ses débuts, Alfred Sisley a traversé une période charmante, d’une manière à la fois fine et grasse, prudente et sûre. C’est, à peu près, pendant les années qui vont de 1872 à 1878. J’aime infiniment, dans cette note discrète et nuancée : la Place de l’Abreuvoir à Marly, sous la neige ; une vue de Port-Marly, le pavé de la

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