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France et de sa terre par le pinceau, il y a place pour les ports de Boudin, pour la banlieue de Raffaelli, pour les falaises et les océans de Monet, et aussi pour l’humble Loing, pour le paisible Saint-Mammës dont Sisley est le poète charmant.

Il a cherché à exprimer les accords qui règnent toujours, par tous les temps et par toutes les heures, entre les feuillages, l’eau et le ciel, et il y a réussi dans les toiles où le vieil or des arbres d’automne se reflète et se dissout dans l’eau verdâtre, où les lourds chalands passent dans l’ombre d’une lisière de bois, où quelque maison isolée semble heureuse sur la berge, dans la fraîcheur de l’air et le repos de la campagne.

Une personnalité vive apparaît dans ce labeur suivi, une joie de peintre rustique se révèle, une aptitude à voir la nature en décors délicatement profilés et nuancés. Il a voulu aussi les diffusions de la clarté, les orchestrations des tons. Il a cherché une nature appropriée au goût de son esprit et de son œil, et l’ayant trouvée, il a poursuivi sans cesse l’objet de son amour et de son étude. Il a aimé les bords de rivières, les lisières de bois, les villes et les villages entrevus à travers les arbres, les vieilles constructions enfouies dans la verdure, les soleils

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