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cement des verdures dans la lumière, la force de végétation qui envahit les chemins d’herbe et les bords d’étangs où croissent les roseaux et les lentilles d’eau. On admirait les ciels mirés dans la rivière, les arbres alignés au long des berges. On ne pouvait voir toute la nouveauté et toute la force de cet art qui avait des contacts forcés avec les œuvres des autres maîtres impressionnistes, puisque Sisley avait fait avec eux les mêmes découvertes, mais qui révèle pleinement aujourd’hui son caractère individuel. Placez un paysage de Sisley auprès de paysages de Monet, Pissarro, Renoir, vous constaterez l’air de famille, mais en même temps les différences.

Chez Sisley, comme chez les autres, on chercherait inutilement les traces des violences imaginaires reprochées au groupe des impressionnistes.


Je songe à tant de belles pages dispersées où la poésie de l’artiste a évoqué la nature. Parfois auprès d’une grande ville. Ce délicat sut exprimer ce qu’il y a de malsain, d’inquiétant, de sordide, dans un ciel fuligineux, un sol sans fleurs, des silhouettes furtives, des bicoques plantées de travers sur un remblai. Sur l’eau trouble, des bateaux noirs, crachant de la fumée à pleines cheminées. Des

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