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RUBENS.

Que l’on s’étonne ensuite de l’influence que Rubens a exercée. Il était tellement peintre qu’il a connu, accepté presque tout ce qui avait été fait avant lui, et qu’il a agi sur presque tout ce qui a été fait après lui.

Après l’influence des anciens peintres flamands, du vieux Brueghel, dont il eut jusqu’à sa fin des œuvres dans son atelier, il a reçu l’influence des maîtres de Venise : Titien, Tintoret, Giorgione, Véronèse. À Mantoue, il a connu Mantegna, Jules Romain. À Rome, Michel-Ange, Raphaël, le Caravage. À Parme, le Corrège. Il les a tous étudiés, copiés, et aussi le Vinci. Dans son inventaire, on trouve 19 Titien, 17 Tintoret, 7 Véronèse ; on trouve Raphaël, Ribera, avec Van Eyck, Holbein, Lucas de Leyde, Quentin Massys, Brouwer, Brueghel le Vieux. Il y a 32 copies de sa main, parmi lesquelles 21 portraits du Titien. Voilà qui renseigne sur ses origines et ses goûts.

L’influence qu’il exerce à son tour est considérable. Avec ses élèves et contemporains, parmi lesquels les plus célèbres sont Van Dyck et Jordaëns, qui représentent les deux pôles de son talent, Téniers, Brouwer, Ostade relèvent de sa Kermesse, Terburg et Metzu ont contemplé son Jardin d’amour. C’est le paysage anglais de Gainsboroug et de Constable qui continue l’Automne et l' Arc-en-ciel. C’est le xviie siècle français auquel il impose son antiquité empanachée. C’est tout le xviiie siècle français auquel il apprend à peindre, selon l’observation admirablement développée par les Goncourt : c’est Lemoyne, Watteau, Boucher, Fragonard, Greuze, La Tour,