Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

murs de sa ferme, agissait en chef de tribu.

Ce rustre était né vicieux. Maintenant qu’il avait satisfait son goût inné de paysan, sa passion de primitif pour la terre, il laissait prendre ses aises à sa grossièreté, il révélait sa nature double de rustique intéressé et de coureur de mauvais lieux. Il restait méfiant et avare, et il avait des poussées subites d’instincts qui le rendaient par moments l’esclave de l’alcool de l’auberge, de la bestialité sensuelle d’une fille de ferme.

Hermine, née sensitive, affinée encore par la maladie et par la douleur, ne comprenait pas cette vie si différente de sa vie de famille.

Elle osa se plaindre doucement.

— Si tu n’es pas contente, je n’te retiens pas, tu n’as qu’à fiche ton camp d’ici.

Telle fut la réponse.

— Mais je suis chez moi, — objecta naïvement Hermine.