Page:Geffroy – Hermine Gilquin, 1907.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il n’eut pas un instant l’idée qu’il pouvait lui devoir quelque reconnaissance de son changement de fortune. De plus, le travail des champs seul comptait pour lui, et il regardait comme une fainéante la femme attentive qui dirigeait la maison, surveillait la cuisine et le linge. Cette chétive jeune fille n’inspirait de toutes façons que du mépris à ce mauvais drôle, qui avait fait la noce sordide des villes de garnison. Il fallait l’épouser pour avoir les terres, il l’avait épousée, et voilà tout.

Il avait joué la comédie par ruse naturelle avant le mariage, se faisant tranquille et patelin, donnant l’idée d’un paysan placide et bonasse à ces deux femmes, la mère et la fille, qui ne virent pas la lueur de dur acier allumée parfois dans ses yeux demi-clos, ni le rictus cruel de sa bouche, ni les dents de loup affamé que cachait sa moustache.

Son allure se modifia du soir au matin.