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geste trop brusque, une voix trop rude. Sa physionomie, alors, se contractait, une angoisse s’avouait par ses yeux chagrins et sa bouche tremblante.

Mais on la rassurait vite par une bonne parole, et cette première enfance d’Hermine fut heureuse dans cette cour de ferme, qui lui parut semblable à un paradis terrestre, au jour où elle sut lire et écrire, et qu’elle eut entre les mains un Catéchisme et une Histoire sainte. Sa mère fut sa première éducatrice pour veiller le plus longtemps possible sur une santé qui lui paraissait fragile.

L’écolière acquit sans effort ce qui fut ainsi offert à son intelligence en éveil. Presque tout de suite elle en sut autant, et bientôt elle en sut davantage, que son institutrice improvisée. La lecture lui conféra le pouvoir magique de deviner quelque chose de ce dont elle ne connaissait rien. Par brusques éclairs, les choses lui apparaissaient subi-