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ce fut comme l’assurance que le malheur avait à jamais fui de chez les Gilquin.

Tout se passa bien, en effet. Hermine ne fut atteinte par aucune des maladies fréquentes au bas âge.

Quand elle ouvrit les yeux sur l’existence, et qu’elle commença à voir et à désigner les choses, quand elle parla le premier langage, puéril et doux comme un gazouillis d’oiseau, elle se révéla ce qu’elle devait être au cours de sa vie, douce de caractère, vive d’intelligence, infiniment sensible, prompte à se replier sur elle-même, gardant un léger effroi de ce qui l’avait heurtée.

Il se passait en elle un phénomène de rétraction. Hermine était bien, en effet, une hermine, au sens où la tradition populaire s’est imaginé le petit animal des solitudes, ayant la crainte et l’horreur de tout ce qui peut tacher son pelage, souffrant et mourant de la fange qui l’éclabousse.