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essayait en vain de se rappeler, du petit Jean qui était entré avec les autres, après s’être lavé les mains à la fontaine comme les autres, et qui avait dû dire, lui aussi, un « Bonjour, mam’zelle Hermine » où il avait mis tout son cœur, tout l’espoir insensé et tout le désespoir certain de sa pauvre et naïve existence.

Elle eut un tressaillement, en évoquant cette figure du petit Jean parmi les figures d’autrefois. Elle s’acharnait à le voir, et elle le voyait, mais comme une ombre presque indistincte, dont elle ne pouvait fixer le visage, ni entendre la voix. Elle s’obstinait, croyait retrouver une silhouette, une expression dans sa mémoire, et puis, c’était fini, tout ce qu’elle avait cru évoquer de Jean disparaissait comme une vapeur. Il n’y était plus ! Et beaucoup des autres avaient, comme lui, disparu. Les meilleurs étaient partis, il ne restait que les mauvais, et maintenant, autour de la table sans nappe