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qu’elle avait retenus. Cette vision si brusquement apparue derrière cette motte de terre, au bord du chemin, c’était une des grandes sensations de son enfance, la plus grande même. Il lui fallait, avant de partir, revoir la mer.

Elle la revit, en effet. Le temps était clair. La côte se dessina nettement à sa vue. Elle se réjouit d’une belle plage où de légères vagues d’émeraude venaient broder le sable d’or de leur mousseline d’argent. C’était frais et délicieux. On eût dit que le monde venait d’éclore dans la lumière. Au loin, tant que la vue pouvait s’étendre, le grand mouvement de l’eau enflait la mer vers le ciel. Il y avait sur l’Océan de grandes moires vertes et les ombres violettes de légers nuages, qui s’effilochaient bientôt sous le vent dans l’espace bleuâtre. Partout les vagues se formaient pour se défaire aussitôt, se brisant avec une légère écume étincelante. Un bateau à voile surgit, passa