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ainsi qu’un génie capricieux de l’espace. Souvent, dans l’éblouissante lumière et la chaleur meurtrière, un grand mouvement d’air, venu de l’Océan, assaille l’immense plaine, courbe les feuillages, incline les moissons, car l’atmosphère a aussi ses vagues envahissantes, ses marées victorieuses.

En été, la plaine est un seul champ planté de blé, d’avoine, d’orge, de luzerne. Elle bouge tout entière d’une extrémité à l’autre, changée en une étendue liquide, nuancée comme l’eau sous le ciel, parfois tachée de noir par l’ombre d’un lumineux nuage. Sur cette molle et ondulante surface se dressent les clochers, les toits, nettement dessinés à l’horizon avec les mêmes lignes rigides que les mâts et les cheminées des navires, que les voiles triangulaires des barques.

L’impression singulière et saisissante de la plaine, c’est le silence, — même l’été,